Interview de Maya Atig, directrice générale de la Fédération bancaire française

Comment se porte le secteur bancaire ?

L’année 2021 a été marquée par une reprise très nette des recrutements : 40 300 contre 34 000 pendant la période du covid. Et cette tendance se poursuit en 2022. Sans que nous puissions nous engager sur des chiffres à ce jour. Le secteur bancaire emploie 350 400 salariés, soit 1,7 % du total des emplois dans le privé en France. Par ailleurs 98 % des emplois occupés le sont en CDI. C’est trois à quatre fois plus que la moyenne nationale.

Mais vous avez aussi supprimé 25 000 emplois depuis 2012.

La tendance est effectivement à l’érosion : entre 1 et 2 % par an. Si nous ne remplaçons pas certains départs en retraite, cela n’a rien à voir avec ce qui se passe dans certains pays européens. Au Pays-Bas, les emplois dans le secteur bancaire ont baissé de moitié au cours des dix dernières années. Et la tendance négative en France est compensée par les créations dans d’autres services (consommation, assurance), qui ne sont pas intégrées dans ces chiffres.

Quels sont les profils que vous recherchez ?

Ils sont très variés allant du commercial au numérique et à la cybersécurité. Nous recrutons beaucoup de jeunes. Un sur deux a moins de trente ans. Aux 40 300 recrutements recensés l’an dernier, il faut ajouter 16 400 alternants.

Les métiers de la banque sont réservés aux diplômés de l’enseignement supérieur ?

Non pas forcément. La palette des métiers est très large. Et le niveau auquel on recrute est aussi très diversifié. Le premier secteur est celui du commercial avec 53 % des recrutements, suivi par le digital 14 %, et enfin tout ce qui est lié à la conformité et aux risques avec 9 %. Les Bac + 5 représentent 52 % de nos recrutements, 24 % pour les Bac +3 et 4. Enfin 9 % des nouveaux embauchés n’ont que le Bac ou deux années d’études supérieures, en progression de 2 %. La formation tout au long de la vie fait partie de nos priorités. On peut commencer au bas de l’échelle et faire de belles carrières. Ce n’est pas un mythe.

Les métiers de la banque changent. Quelle part accordez-vous à la formation continue ?

La formation est une priorité dans un environnement qui évolue très vite. Un conseiller en agence suit en moyenne 35 heures de formation par an.

Quelle place reste-t-il pour un contact direct avec la clientèle à l’heure du numérique ?

Les agences ne sont pas appelées à disparaître. Elles évoluent. Et si certaines agences ferment, d’autres ouvrent. Il y a en France en moyenne 54 agences bancaires pour 100 000 habitants contre 37 agences bancaires pour 100 000 habitants dans la zone euro. Et ceci n’empêche pas les banques françaises d’être au premier rang pour la digitalisation en Europe. 96 % de nos clients consultent l’appli ou le site internet de leur banque. Ils continuent cependant d’aller voir leur conseiller en agence pour des questions sur lesquelles ils ont besoin d’avoir un accompagnement plus personnalisé. Le contact direct reste important.

Où recrutez-vous ?

Les emplois sont répartis sur tout le territoire. 60 % des recrutements se font hors d’Ile-de-France.

Pourquoi aucune femme ne dirige-t-elle un grand groupe bancaire français ?

Cela viendra. Nous assistons à une forte féminisation depuis 2012. 57 % des emplois sont occupés par des femmes. Et chez ces dernières, 60 % sont des cadres contre 44 % en 2012. Le top management est constitué de 60 % de femmes et nous veillons à la mixité dans les comités exécutifs. Plusieurs banques régionales ont des femmes à leur tête. C’est une question qui avance très vite.

La Banque centrale européenne vient de relever ses taux. Avec quelles conséquences pour vos clients ?

La remontée des taux de la Banque centrale européenne signifie que le coût de refinancement des banques est désormais plus élevé. Cela rend donc aussi l’accès au crédit plus coûteux pour les particuliers et les entreprises. L’objectif est de limiter le risque d’emballement de l’endettement. L’enjeu est de continuer à accompagner nos clients dans un contexte économique différent.

Source: La tribune

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